La crise du marché locatif : L’incapacité à répondre à la demande

Analyse marché locatif

Charles Marinakis, président de Century 21, estime que plusieurs centaines de milliers de logements vont être retirés du marché locatif en raison de l’interdiction de louer des passoires thermiques.

Le marché de la location immobilière traverse une crise profonde. Les demandes explosent, mais l’offre continue de se réduire. « Aujourd’hui, ce sont 567 000 passoires thermiques qui vont se retirer d’un parc locatif déjà réduit », explique Charles Marinakis. Certains propriétaires refusent d’entreprendre les travaux de rénovation, souvent en raison du manque de moyens financiers. Mais ce n’est pas la seule raison : « La principale explication, c’est la pression exercée sur les bailleurs », affirme-t-il. Beaucoup préfèrent opter pour des locations de courte durée sur des plateformes comme Airbnb, plus rentables. Cependant, la législation a changé. La fiscalité des locations meublées touristiques sera moins avantageuse à partir de fin janvier. Cette évolution législative découle d’un accord entre députés et sénateurs pour « réguler et raboter la niche fiscale » des locations de type Airbnb, une décision qui pourrait influencer les choix des propriétaires. L’article du Le Monde sur ce sujet peut être consulté ici.

Les agences Century 21 face à la pénurie de logements

Comment la situation se reflète-t-elle dans les agences Century 21 ? Charles Marinakis répond : « Ce n’est pas facile, car nous ne parvenons pas à répondre à toutes les demandes. Parfois, nous mettons une annonce en ligne, et après dix minutes, nous devons la retirer, tant l’afflux d’appels est important. Nous recevons entre 50 et 200 appels pour un seul logement disponible. » Il précise que plus de 30 % de la demande se concentre sur les grandes agglomérations. À la campagne, la situation est moins tendue, mais la pression est extrême dans les zones urbaines. « Nous n’avons jamais vécu une telle tension sur le marché », souligne-t-il, pointant la diminution du nombre de logements disponibles. Le parc locatif privé, qui compte environ 7,3 millions de logements, va se réduire davantage avec le retrait des 567 000 passoires thermiques.

Pourquoi les propriétaires quittent-ils le marché locatif ?

La première raison : les lourdes contraintes pesant sur les bailleurs. Pour échapper à la mise en conformité thermique ou au plafonnement des loyers, certains choisissent de louer leurs biens sur des plateformes de courte durée comme Airbnb, qui génèrent des rendements bien plus élevés. « C’est la réalité du marché aujourd’hui », ajoute Charles Marinakis.

L’impact des nouvelles lois fiscales

La fiscalité des locations meublées touristiques va être moins favorable à partir de la fin du mois de janvier, mais, selon Marinakis, « le mal est déjà fait. » La construction neuve, qui avait pour but de soutenir le marché locatif privé, a chuté de près de moitié, ce qui a encore fragilisé le secteur. En outre, la baisse des transactions immobilières a ralenti l’arrivée de nouveaux biens sur le marché locatif.

Les difficultés des propriétaires face aux travaux de rénovation thermique

Les propriétaires qui refusent de réaliser les travaux de rénovation thermique invoquent diverses raisons. « Cela dépend de l’âge des propriétaires et de leurs capacités financières », explique-t-il. Le coût moyen des travaux est estimé à 40 000 euros, une somme que certains ne peuvent pas se permettre. D’autres, souvent des propriétaires plus âgés, estiment ne pas obtenir un retour sur investissement satisfaisant. Enfin, il y a ceux qui peinent à trouver des artisans ou à respecter les délais de rénovation.

Selon Charles Marinakis, les solutions passent par la réinstauration d’un statut pour les bailleurs privés. Ce statut devrait inclure des obligations telles que la décence locative et énergétique, mais aussi des avantages fiscaux pour inciter les propriétaires à investir. « Quel est l’investissement le plus civique ? Mettre de l’argent dans le CAC 40 ou investir dans l’immobilier pour proposer un logement à ceux qui en ont besoin ? » Il souligne qu’il est essentiel de clarifier les priorités : si le manque de logements persiste, il faut encourager les investissements dans le parc locatif privé.

>> La fiscalité des locations meublées touristiques, notamment celles sur des plateformes comme Airbnb, suscite un débat de plus en plus intense en France. Vous pouvez en savoir plus sur cette problématique dans cet article Airbnb : L’influence de la fiscalité sur les locations meublées touristiques.

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